Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/177

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« Bien que tout réconfort lui soit une amertume
Avec quelque douceur qu'il lui soit presenté,
Elle prendra le tien, et, selon sa coutume,
Suivra ta volonté.

« Quelque soir en sa chambre apparais devant elle,
Non le sang à la bouche et le visage blanc,
Comme tu demeuras sous l'atteinte mortelle
Qui te perça le flanc.
 
« Viens-y tel que tu fus, quand aux monts de Savoie
Hymen en robe d'or te la vint amener ;
Ou tel qu'à Saint-Denis, entre nos cris de joie,
Tu la fis couronner.

« Après cet essai fait, s'il demeure inutile.
Je ne connais plus rien qui la puisse toucher ;
Et sans doute la France aura comme Sipyle
Quelque fameux rocher.

« Pour moi, dont la faiblesse à l'orage succombe,
Quand mon heur abattu pourrait se redresser,
J'ai mis avecque toi mes desseins en la tombe :
Je les y veux laisser.

« Quoi que pour m'obliger fasse la destinée,
Et quelque heureux succès qui me puisse arriver,
Je n'attends mon repos qu'en l'heureuse journée
Où je t'irai trouver. »