Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/198

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STANCES.


Aujourd’hui c’en est fait, elle est toute guérie,
Et le soleil d’avril, peignant une prairie,
En leurs tapis de fleurs n’ont jamais égalé
Son teint renouvelé.

Je ne la vis jamais si fraîche ni si belle ;
Jamais de si bon cœur je ne brûlai pour elle,
Et ne pense jamais avoir tant de raison
De bénir ma prison.

Dieux, dont la providence et les mains souveraines,
Terminant sa langueur, ont mis fin à mes peines,
Vous saurais-je payer avec assez d’encens
L’aise que je ressens ?

Après une faveur si visible et si grande,
Je n’ai plus à vous faire aucune autre demande :
Vous m’avez tout donné, redonnant à mes yeux
Ce chef-d’œuvre des cieux.

Certes, vous êtes bons ; et combien de nos crimes
Vous donnent quelquefois des courroux légitimes,
Quand des cœurs bien touchés vous demandent secours,
Ils l’obtiennent toujours.

Continuez, grands dieux, et ne faites pas dire
Ou que rien ici-bas ne connaît votre empire,
Ou qu’aux occasions les plus dignes de soins
Vous en avez le moins.