Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
STANCES

Sont de justes contraintes ;
Mais à quelle autre loy
Doit un parfait amant des respects et des craintes,
Qu’à celle de sa foy ?

Quand le Ciel offriroit à mes jeunes désirs
Les plus rares trésors et les plus grands plaisirs
Dont sa richesse abonde,
Que sçaurois-je espérer
À quoy votre présence, ô merveille du monde,
Ne soit à préférer ?

On parle de Penser et des maux éternels
Baillez pour chastiment à ces grands criminels
Dont les fables sont pleines ;
Mais ce qu’ils souffrent tous,
Le souffré-je pas seul en la moindre des peines
D’estre éloigné de vous ?

J’ay beau par la raison exhorter mon amour
De vouloir reserver à l’aise du retour
Quelque reste de larmes ;
Misérable qu’il est,
Contenter sa douleur et luy donner des armes,
C’est tout ce qui luy plaist.

Non, non, laissons-nous vaincre aprés tant de combas,
Allons épouvanter les ombres de là bas