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STANCES.

Tel au matin il sort de l’onde.
Les affaires de l’homme ont un autre destin :
Aprés qu’il est party du monde,
La nuit qui luy survient n’a jamais de matin.

Jupiter, amy des mortels,
Ne rejette de ses autels
Ny requestes ny sacrifices ;
Il reçoit en ses bras ceux qu’il a menacez.
Et qui s’est nettoyé de vices
Ne luy fait point de voeux qui ne soient exaucez.

Neptune, en la fureur des flots
Invoqué par les matelots,
Remet l’espoir en leurs courages,
Et ce pouvoir si grand dont il est renommé
N’est cognu que par les naufrages
Dont il a garanty ceux qui Pont reclamé.

Pluton est seul entre les dieux
Dénué d’oreilles et d’yeux
À quiconque le solicite ;
Il dévore sa proye aussi-tost qu’il la prend,
Et, quoy qu’on lise d’Hippolyte,
Ce qu’une fois il tient jamais il ne le rend.

S’il estoit vray que la pitié
De voir un excés d’amitié