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SONNETS.


X

[SUR L’ABSENCE DE LA MÊME]

1608


Beaux et grands bastimens d’eternelle structure,
Superbes de matiere et d’ouvrages divers,
Où le plus digne Roy qui soit en l’univers
Aux miracles de l'art fait céder la nature ;

Beau parc et beaux jardins qui dans vostre closture
Avez tousjours des fleurs et des ombrages vers,
Non sans quelque démon qui deffend aux hyvers
D’en effacer jamais l’agreable peinture ;

Lieux qui donnez aux cœurs tant d’aimables désirs,
Bois, fontaines, canaux, si parmy vos plaisirs
Mon humeur est chagrine et mon visage triste,

Ce n’est point qu’en effet vous n’ayez des appas ;
Mais, quoy que vous ayez, vous n’avez point Caliste,
Et moy je ne voy rien, quand je ne la voy pas.