Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/248

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
227
SONNETS.


XII

[POUR LA MÊME]

1608


C’est fait, belle Caliste, il n’y faut plus penser ;
Il se faut affranchir des loix de vostre empire.
Leur rigueur me dégouste, et fait que je souspire
Que ce qui s’est passé n’est à recommencer.

Plus en vous adorant je me pense avancer,
Plus vostre cruauté, qui tousjours devient pire,
Me deffend d’arriver au bon-heur où j’aspire,
Comme si vous servir estoit vous offencer.

Adieu donc, ô beauté, des beautez la merveille !
Il faut qu’à l’avenir ma raison me conseille,
Et dispose mon ame à se laisser guérir.

Vous m’étiez un trésor aussi cher que la vie ;
Mais, puis que vostre amour ne se peut acquérir,
Comme j’en perds l’espoir, j’en veux perdre l’envie.