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SONNETS.


XVIII

A M. DU MAINE
sur ses oeuvres spirituelles

1611


Tu me ravis, du Maine, il faut que je l’advoüe,
Et tes sacrez discours me charment tellement
Que, le monde aujourd’huy ne m’estant plus que boiie.
Je me tiens profané d’en parler seulement.

Je renonce à l’amour, je quitte son empire,
Et ne veux point d’excuse à mon impiété,
Si la beauté des cieux n’est l’unique beauté
Dont on m’orra jamais les merveilles écrire.

Caliste se plaindra de voir si peu durer
La forte passion qui me faisoit jurer
Qu’elle auroit en mes vers une gloire eternelle ;

Mais, si mon jugement n’est point hors de son lieu,
Doy-je estimer l’ennuy de me séparer d’elle
Autant que le plaisir de me donner à Dieu ?