Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/49

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Telle qu’à vagues épandues
Marche un fleuve impérieux
De qui les neiges fondues
Rendent le cours furieux :
Rien n’est sûr en son rivage ;
Ce qu’il treuve, il le ravage,
Et, traînant comme buissons
Les chênes et leurs racines,
Ôte aux campagnes voisines
L’espérance des moissons :

Tel, et plus épouvantable,
S’en allait ce conquérant,
À son pouvoir indomptable
Sa colère mesurant.
Son front avait une audace
Telle que Mars en la Thrace ;
Et les éclairs de ses yeux
Étaient comme d’un tonnerre
Qui gronde contre la terre
Quand elle a fâché les cieux.

Quelle vaine résistance
A son puissant appareil
N’eût porté la pénitence
Qui suit un mauvais conseil,
Et vu sa faute bornée
D’une chute infortunée,