Page:Malherbe - Œuvres poétiques de Malherbe, éd. Blanchemain, 1897.djvu/55

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Te forcera d’avouer
Qu’en l’aise de la victoire
Rien n’est si doux que la gloire
De se voir si bien louer.

Il ne faut pas que tu penses
Trouver de l’éternité
En ces pompeuses dépenses
Qu’invente la vanité ;
Tous ces chefs-d’œuvres antiques
Ont à peine leurs reliques :
Par les Muses seulement
L’homme est exempt de la Parque ;
Et ce qui porte leur marque
Demeure éternellement.

Par elles traçant l’histoire
De tes faits laborieux,
Je défendrai ta mémoire
Du trépas injurieux ;
Et, quelque assaut que te fasse
L’oubli, par qui tout s’efface,
Ta louange, dans mes vers
D’amarante couronnée,
N’aura sa fin terminée
Qu’en celle de l’univers.