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NOTICE

D’Amour ensemble et d’Hyménée
Destine au lit de notre roi.
La voici, la belle Marie,
Belle merveille d’Étrurie,
Qui fait confesser au soleil,
Quoi que l’âge passé raconte,
Que du ciel, depuis qu’il y monte,
Ne vint jamais rien de pareil.
Telle n’est point la Cythérée,
Quand, d’un nouveau feu s’allumant,
Elle sort pompeuse et parée
Pour la conquête d’un amant :
Telle ne luit en sa carrière
Des mois l’inégale courrière ;
Et telle dessus l’horizon
L’Aurore au matin ne s’étale,
Quand les yeux mêmes de Céphale
En feraient la comparaison.

C’est beaucoup flatter la grosse maritorne que vous savez ; mais c’est le faire à la façon du grand peintre d’Anvers lui-même, en se grisant de couleur, de pompe et de mythologie. Il y a, d’ailleurs, autre chose : Malherbe, dans ces premières odes, s’est découvert lui-même ; il était né, non pour être un poète de l’amour — ses poésies amoureuses le prouvent surabondamment — ni pour être un poète de la Nature — qui n’apparaîtra qu’une fois dans ses vers, en une stance admirable sur la rivière de l’Orne — mais pour être le chantre superbe de l’unité française et de la stabilité politique, bientôt rétablies par Henri IV

« Ce sera vous, » dit-il à la Reine…

Ce sera vous qui de nos villes
Ferez la beauté refleurir.
Vous qui de nos haines civiles
Ferez la racine mourir ;
Et par vous la paix assurée
N’aura pas la courte durée
Qu’espèrent infidèlement.
Non lassés de notre souffrance,
Ces Français qui n’ont de la France,
Que la langue et l’habillement.