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   O deſirable fin de leurs peines paſſees !
Leurs pieds qui n’ont iamais les ordures preſſees,
Vn ſuperbe planché des étoilles ſe font :
Leur ſalaire payé les ſeruices precede,
Premier que d’auoir mal ils trouuent le remede,
Et deuant le combat ont les palmes au front.

   Que d’applaudißemens, de rumeur & de preße,
Que de feux, que de ieux, que de traits de careße,
Quand là haut en ce point on les veit arriuer ?
Et quel plaiſir encor’ à leur courage tendre
Voyant Dieu deuant eux en ſes bras les attendre,
Et pour leur faire honneur les Anges ſe leuer !

   Et vous femmes trois fois quatre fois biẽ heureuſes,
De ces ieunes Amours les meres amoureuſes,
Que faites vous pour eux, ſi vous les regrettez ?
Vous fachez leur repos, & vous rendez coupables,
Ou de n’eſtimer pas leurs trepas honorables,
Ou de porter enuie à leurs felicitez.

   Le ſoir fut auancé de leurs belles iournees :
Mais qu’euſſent ils gaigné par vn ſiecle d’annees ?
Ou que leur aduint il en ce viſte depart,
Que laiſſer promptement vne baſſe demeure,
Qui n’a rien que du mal, pour auoir de bonne heure
Aux plaiſirs eternels vne eternelle part ?