Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1260

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des Grecs ? Voici. Aussi longtemps qu’on se rappela la signification du mot, on dit des malfaiteurs « Saranyû découvrira votre péché », voulant dire que la lumière révélerait leur perversité. D’où l’Erinys fut d’abord l’être qui fait le jour sur les mauvais actes; on la représenta après sous de sombres et terribles couleurs, comme une personnalité vengeresse. A la faveur d’explications, multiples et non confuses, dans le méandre desquelles vous ne vous êtes point égarés, proclamons d’un commun accord ce qu’est la mort d’Œdipe! La mort du soleil, dans les beaux bosquets du Crépuscule (ou jardins des Hyperboréens) représentant le réseau féerique des nuages; et qui sont les premiers à recevoir et les derniers à perdre la lumière de l’astre, le matin et le soir. Quoique Œdipe expire dans la foudre et l’orage, les Euménides cependant sont bonnes pour lui; et sa dernière heure est une heure de paix et de tranquillité. Un seul d’entre ses enfants reste jusqu’à la fin avec Œdipe, Antigone, dont le nom désigne la lumière pâle qui naît ou jaillit, à l’opposé du soleil, quand il se couche. Que devint-elle ? Les deux frères s’étant tués l’un l’autre, le corps de Polynice fut rejeté sans sépulture; et, défiant Créon et ses ordres, Antigone le brûla. Créon ordonna que la jeune fille fût à son tour brûlée vivante; et quand Hamon, fils de ce prince, la trouva morte, il se tua sur le cadavre virginal. PROCRIS, MYTHE GREC ET LATIN Procris est la fille d’Erechthée, roi fabuleux d’Athènes, et de Hersé. Cet Érechthée ou Érichtonios (car les deux noms n’en sont qu’un) est regardé comme le fils d’Héphaistos et de Gê, la terre : il naquit ayant la forme d’un serpent, et Athéné l'éleva. Son enfant, Procris, être d’une beauté merveilleuse, gagna l’amour de Céphale, qui la trouva sur le mont Hymète; venant, lui, du rivage blanc d’Eubée. Mais Eos fut jalouse de voir Procris mariée à Céphale; elle tenta Céphale, et le fit douter de la foi de son épouse. Céphale, parti, revint sous un déguisement (comme Sigurd, dans le conte Volsung, revient vers Brunehilde), et gagna l’amour de Procris par ce changement de forme. Procris découvrant la ruse, s’en fut en Crète; elle y resta dans un profond chagrin, jusqu’à la visite d’Artémis, qui lui donna la lance ne manquant jamais son but et le chien qui toujours dépiste sa proie. Procris, avec cette arme et le limier, revint à Athènes, et sans cesse triompha dans les chasses. Son mari, que ce succès remplit d’envie, demanda