Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1285

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la terre étincelante. Comme lui, il est voué à une mort précoce; et quand la lance d’Achille le perce, les larmes d’Éos tombent du ciel en rosée matinale. Éos enfin va devant Zeus, et le supplie d’évoquer Memnon de l’Hadès; Zeus exauce sa demande : en conséquence, Memnon s’élève avec Eos dans l’Olympe, comme le soleil du pays obscur de la nuit, au matin. Qui était le père de Memnon ? Tithon, dont Éos, selon la phrase mythique, quittait chaque matin la couche pour rapporter la clarté du jour aux fils des hommes. Éos obtint pour lui le privilège de l’immortalité; mais comme elle oublia de demander une jeunesse perpétuelle, Tithon se décrépit et fut condamné à une vieillesse sans terme. L’apparition d’Achille dans la guerre de Troie n’est pas moins frappante. Quoique, par tous ses traits principaux, connexe de celle de Méléagre, analogue encore à bien d’autres contes, clic paraît avoir fourni son fondement à la légende homérique, telle que nous la connaissons, plus classique et plus achevée. Quel est, en effet, le sujet de l’Iliade ? Raconter la colère d’Achille. La cause de cette colère, la voici : Achille aime Briséis, qu’Agamemnon, forcé de rendre Chryséis à son père, enlève de la tente du héros. Achille, furieux, fait le voeu solennel de ne pas prendre part davantage à la guerre, disant aux chefs qu’ils ressentiraient promptement son absence de la lutte. Prédiction qui 11e s’accomplit pas tout d'abord, suivant le poème appelé maintenant dans son ensemble l’Iliade ; lequel continue et montre, au cours de plusieurs livres, que les héros achéens se passèrent parfaitement d’Achille et obtinrent de grandes victoires sur les Troyens. Parenthèse. Une conclusion résulte clairement de pareille contradiction, et s’impose : c’est que ce poème de P Iliade comprend deux poèmes rattachés l’un à l’autre, et que l'un rapporte les exploits des chefs, et est véritablement l’Iliade, tandis que l’autre dépeint la colère d’Achille et serait véritablement PAchilléide. La colère d’Achille ne s’apaisa point, toutefois, avant que les Achéens se vissent réduits à une très grande détresse, et obligés de solliciter humblement l’aide du guerrier courroucé, alors en proie à sa terrible manie. Odyssée et d’autres l’abordèrent, Phœnix à leur tctc ; et Phœnix, qui avait été le précepteur d’Achille dans son enfance, cita à celui-< i l’histoire de Méléagre comme un exemple des grands maux que porte en soi une colère désordonnée. Rien 11e peut d’abord apaiser zXchille : il insiste pour qu’Agamemnon qui lui a fait tort, fasse amende par une humble soumission et même par le renvoi de Briséis. Aga-memnon, d’autre part, ne se soumet pas immédiatement : et les désastres des Achéens émurent Patroclc au point qu’il