Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1407

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Non ! ces sombres terreurs, chasse-les de ton cœur ! Tu vois l'étoile an ciel : prends ton vol et t'élance ! Terrasse le tonnerre et redescends vainqueur Portant l'astre à ton front, palme de l’Espérance ! Le 30 mars 1859. A Espinas. MÉLANCOLIE Puisqu’Espinas, ô Falstaff, pense Qu'ils sont un peu trop folichons Les grelots dont sonne ta panse, — I 'oilant nos ris de capuchons Pleurnichons ! Pleurnichons ! Puisqu'une fleur en la rosée Lui semble de pleurs arrosée, Non de perles, — geais, qui nichez, Rieurs, sous la feuille rosée Pleurnichez ! Pleurnichez ! Puisqu'il s'affole de Racine* Qui fait pleurer jusqu'aux bichons, — Qu'en gémissant on déracine, Pour le ceindre, dix cornichons ! Pleurnichons ! Pleurnichons ! Puisqu'il trouve Horace un peu terne, Lui, dont les pleurs sont du falerne, Qu'il ne rit chez Scarrou, ni chez Rabelais, merle de taverne, — Pleurnichez ! Pleurnichez Pitisqu'en l'art et la poésie. Il voit deux mouchoirs — deux torchons ! Où chacun pleure l’Aspasie De ses « rêves d’or » godichons Pleurnichons ! Pleurnichons ! Non... moi, je te laisse, I léraclite. Mouiller tou luth hétéroclite, Aux nuits dédier tes sanglots, Ma muse n'est point carmélite Et noierait son rire en tes flots !

  • Les Plaideurs, Voyez couler nos larmes.