Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1409

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Française, à la suite d’un article d’Albert Thibaudet : A l'ombre des « Contemplations » ; Baudelaire et Mallarmé, qui signalait, avec beaucoup de sens, la mesure dans laquelle ce poëme de jeunesse est un écho de l’inspiration hugolienne des Contemplations : « décalque maladroit », disait Thibaudet, rappelant que le mouvement en était exactement celui de la pièce intitulée Charles I Jacquerie : Il ne sera pas dit que ce jeune homme en deuil... Il ne sera pas dit qu’il sera mort ainsi... Il ne sera pas dit que je me serai tu... Par ailleurs, les vers sur Harriet reproduisent l’accent des quatrains de Claire du même recueil de Victor Hugo, et l’ombre de la pièce : A I 'illequier se prolonge sur la fin de ce poëme du rhétoricicn du lycée de Sens. La date très précise, mise en tête de la seconde partie de ce poëme, semble bien marquer celle de l’événement qui lui a donné naissance. Quel fut cet événement, ou plutôt à qui se rapporte-t-il ? les papiers du poète ne nous ont pas fourni de quoi l’éclaircir : ils ne contiennent aucune allusion à la mort d’une jeune parente ou d’une jeune amie, à cette époque, dont la disparition eût pu affecter particulièrement ce lycéen en voie d’apprentissage poétique. D’autant plus qu’il s’agit, semble-t-il, d’une jeune étrangère, une Américaine morte en Angleterre, et que les relations du jeune Mallarmé, pensionnaire au lycée de Sens, devaient être alors peu nombreuses, et peu cosmopolites, étant donné le milieu de sa famille. Le métier du jeune poëte est encore bien imparfait : sa prosodie assez incertaine : tels ces vers : Au dortoir enfantin briller sa blanche lueur... Un nom ! couvert de pleurs, demain de poussière... et, là où son accent n’est plus l’écho de Hugo, il devient celui de Lamartine et même de Victor de Laprade, ou moins encore. Le début de la seconde partie ne serait-il qu’une imitation d’un poëme anglais ? Nous trouvons-nous là devant une simple amplification scolaire ? Il est impossible d’en décider, dans l’ctat actuel de la documentation mallarméenne. P. 10. LA PRIÈRE D’UNE MÈRE (Sens, 7 juillet 1859.) Relevée sur le Cahier d’Honneur du Lycée de Sens, et datée 7 juillet 1859, cette longue pièce atteste moins encore de personnalité que le poëme précédent, et montre le rhétoricien plus inféodé à la creuse facilité prétendûment poétique des établissements religieux d’alors. Il faut dire, à la décharge de l’apprenti-poëte, que cette pièce ne doit être, selon toute vraisemblance, qu’un devoir français, sur un sujet désigné.