Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1456

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

en l’accompagnant d’une copie de ce poëme, il le définissait « une rêverie automnale ». La Bibliothèque Jacques Doucct possède, de cc poëme, un manuscrit sans titre, mais sans autre variante. Le Manuscrit Aubanel ne rcvclc que des virgules après rousseur, angélique, octobre pâle et pur, et une variante à l’avant-dernier vers : Des feuilles erre au vent eu un triste sillon, C’est un des Trois Poèmes de Stéphane Mallarmé que Claude Debussy mit en musique pour chant et piano, au cours de Tété 1913. C’est également l’un des Trois Poèmes que choisit, la même année, Maurice Ravel pour les confier à une voix, un piano, un quatuor à cordes, deux flûtes et deux clarinettes. Ces deux recueils de mélodies parurent chez l’éditeur Durand à la fin de 1913. Pour Jean Royère, « Apparition est la nostalgie du temps, la vision du paradis en arrière, Soupir, celle de l’cspacc; c’est le baiser suprême et suprêmement purifié. » P. 39. AUMÔNE (Sens, 1862; Tournon, 1864, 1866; Paris, 1887.) Ce poëme, un des plus anciens de ceux que conserva Mallarmé dans le recueil de scs Poésies, a étc l’un des plus souvent repris, si bien que l’on n’en compte pas, aujourd’hui, moins de quatre états differents : la publication successive des trois premiers donnera la mesure de ecs modifications. Voici le premier, daté de 1862, retrouvé par le Dr Edmond Bonniot dans les papiers du poëte, publié au cours d’un article intitulé Mallarmé et la Vie (Revue de France, ier janvier 1930) et dont nous avons pu examiner le manuscrit.


HAINE DU PAUVRE


Ta guenille nocturne étalant par ses trous
Des rousseurs de ses poils et de ta peau, je l'aime,
Vieux spectre, et c'est pourquoi je te jette vingt sous.

Ton front servile et bas n'a pas la fierté blême :
Tu comprends que le pauvre est le frère du chien
Et ne vas pas drapant ta lésine en poëme.

Comme un chacal sortant de sa pierre, ô chrétien,
Tu rampes à plat ventre après qui te bafoue.
Vieux, combien par grimace ? et par larme, combien ?

Mets à nu ta vieillesse et que ta gueuse joue,
Dèche, et de mes vingt sous chatouille la vertu,
A bas !... — les deux genoux !... — la barbe dans la boue !