Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1474

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On saurait ! Mais je sais ! O Pan, vois les témoins De rébat ! A ces doigts admire une morsure Féminine, qui dit les dents et qui mesure Le bonheur de la bouche où fleurissent les dents. Au décor : Donc, mes bois de lauriers remués, confidents Des flûtes, et vous, lys, au pudique silence, Vous conspiriez? Merci. Ma main à ravir lance En l’éternel sommeil des jaunes nénuphars La pierre qui noiera leurs grands lambeaux épars, Comme je sais aussi brouter sa verte pousse A la vigne alanguie et demain sur la mousse I raine ! Mais dédaignons de vils traîtres. Serein, Sur ce socle déchu je veux parler sans frein Des perfides, et par d’idolâtres peintures A leur ombre arracher encore des ceintures : Ainsi, quand des raisins j’ai sucé la clarté, Pour que mon regret soit par le rêve écarté, Rieur, j’élève au ciel d’été la grappe vide, Et, soufflant dans ses peaux lumineuses, avide D’ivresse, jusqu’au soir je regarde au travers. Il s’assied : Naïades, regonflons des souvenirs divers : Mes yeux, trouant les joncs, suivaient une encolure Immortelle, qui noie en l’onde la brûlure Avec un cri de rage au ciel de la forêt : Et la troupe, du bain ruisselant disparait Dans les cygnes et les frissons, ô pierreries ! j’allais, quand à mes pieds s'entremêlent, fleuries De la pudeur d'aimer en ce lit hasardeux, Deux dormeuses parmi l’extase d’être deux. Je les saisis sans les désenlacer, et vole A des jardins, haïs par l’ombrage frivole, De roses tisonnant d'impudeur au soleil, Où notre amour à l'air consumé soit pareil ! Se levant : je t’adore, fureur des femmes, ô délice Farouche de ce blanc fardeau nu qui se glisse Sous ma lèvre de feu buvant, dans un éclair De haines ! la frayeur secrète de la chair, Des pieds de la mauvaise au dos de la timide, Sur une peau cruelle et parfumée, humide Peut-être des marais aux splendides vapeurs. Mon crime fut d’avoir, sans épuiser ces peurs Malignes, divisé la touffe échevelée