Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1491

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Du doigt, que, sans le vieux santal Ni le vieux livre, elle balance Sur le plumage instrumental, Musicienne du silence. On remarquera, dans eette version, le même mot « reeélant » deux fois à la rime : intentionnelle répétition ou inadvertance de reeopie ? La répétition a, en tout eas, disparu dans le dernier état. Stéphane Mallarmé, après avoir tenu longtemps privée eette « pièee de circonstance » la communiqua, en 1883, à Verlaine pour ses Poètes Maudits. Elle y parut en avril 1884 après une première publication dans la même étude de Paul Verlaine {Etitèce, numéro du 24 au 30 novembre 1883) puis dans la Décadence en 1886 et fut réunie aux Poésies, en 1887. M. Charles Mauron dans ses commentaires aux traductions anglaises de Roger Fry (pp. cit.) dit : « Ce poëme est peut-etre un des meilleurs que Mallarmé ait jamais éerits, bien qu’il soit rarement eité. L’unité extraordinaire du ton et la rigueur de la symétrie, qui ne nuisent en rien à une sensibilité exquise, — eelle-ci, au contraire, s’en trouve aeeruc, — en font un ehef-d’œuvre analogue aux plus étonnantes annoneia-tions italiennes. » « ... L’art humain, sous les aspects où il préoccupe Mallarmé, e’est-à-dire en tant que Musique et Littérature, est iei représenté par la viole et le livre. Mais ee sont, pour la Sainte, des instruments du passé, eomme il ressort du mot symétriquement répété « jadis ». M. Mauron remarque que l’idée d’instruments anciens (viole, elaveein, mandore) et de musique douee était toujours assoeiée, dans l’esprit de Mallarmé, avec eelle d’une féminité ehaste et souvent maternelle : Et ta voix rappelant viole et clavecin Avec le doigt fané presseras-tu le sein... » (Don du Poëme.) ... Tristement dort une mandore Au creux néant musicien Pelle que vers quelque fenêtre Selon nid ventre que le sien, Tilial on aurait pu naître. (Une dentelle s’abolit.) En 1896, au début de sa earrière, Mauriee Ravel mit en musique Sainte avec un sentiment particulièrement juste du poëme. Cette mélodie ne fut publiée qu’en 1907 (Durand, éd. Paris). Parmi les mélodies de M. Pierre de Brcville figure également