Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1516

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Dans les Poètes Maudits et dans le Décadent, le 6e vers était : Donner un sens trop pur aux mots de la tribu, correction, ou erreur de copie, de l’auteur qui y renonça, ou la rectifia, pour les Poésies en 1887. Dans la Poésie de Stéphane Mallarmé (p. 229), Albert Thibaudet a dit, avec beaucoup de justesse : « Chez Mallarmé, le mot est toujours pris de profil dans quelque acception rare. Au lieu de dire tout ce qu’il veut dire, il ne dit pas tout ce qu’il peut dire. Il n’équivaut pas à son objet, mais à quelque sujet qui penserait sous un angle personnel cet objet... Ses mots sont des eentres de divergence d’où se disperse un sens musical, je ne dis pas un son musical. Un mot est une image qui se défait dans la pensée mouvante. « Il en est ainsi de presque tous les mots essentiels du sonnet sur Poe — sauf voix étrange amené par la rime. Grief forme un bel et pur type de mot mallarméen. Désastre a malheureusement, par son pluriel, traîné à des fins de vers. Surtout ces mots ne nomment pas, pour les faire, joyaux verbaux, des pierres précieuses : mais aucun, même les plus matériels, hydre, ange, tribu, sol, nue, bas-relief, tombe, granit, borne, n’existe par lui-même : il existe par l’état d’âme sous-jacent qu’il indique, il est placé en porte-à-faux, on en trouve le sens allusif par une sorte de mouvement tournant. » On tbis tbat was the veil of tbee... au début de la magnifique ode Ave atque vale de Swinburne à la mémoire de Baudelaire, a pu inspirer à Mallarmé : Tel qu'en lui-même... M. Henri Lasvignes, traducteur de cette ode, a fait déjà le rapprochement {les Écrits Nouveaux, janvier 1918, p. 24). P. 70. LE TOMBEAU DE CHARLES BAUDELAIRE (Paris, 1895.) Ce sonnet fut inséré en tète du numéro du 15 janvier 1895 de la Plume, numéro consacré à Baudelaire en vue de l’érection d’un monument à sa mémoire. Il fut repris par l’auteur sans aucune variante, pour l’édition des Poésies (Deman, 1899). (Manuscrit dans la collection Henri Mondor.) Par une lettre du 24 juillet 1892, Léon Deschamps, directeur de la Plume, demande à Mallarmé d’accepter la présidence d’honneur du comité chargé de préparer une souscription pour ériger un monument à Baudelaire, ne fût-ce que la pose d’un médaillon sur la tombe du grand poëte. Rodin a déjà accepté d’exécuter le travail. Une plaquette serait publiée : le Tombeau de Baudelaire,