Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1586

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A la place de « L’acteur mène ce discours... » on lisait : « Al. Monnet-Sully me dicte cette tâche. » Au paragraphe suivant, au lieu de : « Magistral, tel infuse... » on lisait : « Got, magistral, infuse... » Et un peu plus bas ; « Mademoiselle Reichenberg, qui est Ophélie. » Le reste ne comporte que quelques modifications peu notables, le morceau s’achevait par cette phrase de plus, en suspens : « L’événement mondain déjà de l’hiver... » Ces modifications furent introduites lorsque ces pages furent placées sous ce titre : liamlet, dans Pages (Deman, Bruxelles, 1891), pp. 105-112. Dans la Bibliographie des Divagations, le poëte avait noté en manière de commentaire ceci : « Crayonné au théâtre. — La consultation ci-jointe {Revue Blanche, récemment) ne s’intercalerait, au cours de l’étude relative à Hamlet, sans la déformer : elle la complète, en marge. « Un imprésario, dans une province mêlée à mon adolescence, épigraphait Bïamlet, qu’il représenta, du sous-titre ou le Distrait : cet homme d’un goût français joliment, entendait, je suppose, préparer, par là, le public à la singularité qu’Hamlet, unique, compte; et de l’approcher, chacun s’efface, succombe, disparaît. La pièce, un point culminant du théâtre, est, dans l’œuvre de Shakespeare, transitoire entre la vieille action multiple et le Monologue ou drame avec Soi, futur. Le héros, — tous comparses, il se promène, pas plus, lisant au livre de lui-même, haut et vivant Signe; nie du regard les autres. Il ne se contentera pas d’exprimer la solitude, parmi les gens, de qui pense : il tue indifféremment ou, du moins, on meurt. La noire présence du douteur cause ce poison, que tous les personnages trépassent : sans même que lui prenne toujours la peine de les percer, dans la tapisserie. Alors placé, certes, comme contraste à l’hésitant, Fortinbras, en tant qu’un général; mais sans plus de valeur et si la mort, fiole, étang de nénuphars et fleuret, déchaîne son apparat varié, où porte la sobre livrée ici quelqu’un d’exceptionnel, cela importe, comme finale et dernier mot, quand se reprend le spectateur, que cette somptueuse et stagnante exagération de meurtre, dont l’idée reste la leçon, autour de Qui se fait seul —- pour ainsi dire s’écoule vulgairement par un passage d’armée vidant la scène avec ce moyen de destruction actif, à la portée de tous et ordinaire, parmi le tambour et les trompettes. » C’était la page sur llamkt et Fortinbras publiée dans le numéro de juillet 1896 de la Revue Blanche. On peut dire que le personnage d’Hamlet de tout temps hanta Mallarmé. Déjà, dans sa première lettre à Henri Cazalis (Sens, 5 mai 1862), il disait : « Que vous serez désillusionné, quand vous verrez cet individu maussade qui reste des journées entières la tête sur le marbre de la cheminée, sans penser : ridicule Hamlet qui ne peut se rendre compte de son affaissement. » {Catalogne