Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1631

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par son ami M. York Powell. Il nous a dit qu’il parlait autrefois l’anglais dans l'intimité : mais en même temps, je lui ai entendu parler quelques mots anglais avec un accent irréprochable. » « M. Mallarmé a prononcé son discours en français. Il a montré tant d’habileté à mettre tout ce qu’il nous disait tout à fait à notre portée qu’il a été bien mieux compris que ne l’a été M. York Powell. Plusieurs m’ont parlé avec admiration du débit si gracieux et si bien cadencé. Mais il faut avouer aussi que le style nouveau a un peu désorienté le vieil Oxford. On se plaint de n’y rien comprendre. Il nous faut absolument avoir cela imprimé. » Cette double lecture, en anglais par York Powell, en français par Mallarmé, est confirmée par le poète lui-même, à la page 27 de son opuscule. Quelque temps auparavant, en novembre 1893, et par les soins du même professeur York Powell, Paul Verlaine était allé, lui aussi, parler à Oxford, en même temps qu’à Londres et Mallarmé souhaita parler dans cette dernière ville où il avait passé une année de sa jeunesse. Le 18 janvier 1894, il écrivait au critique Edmond Gosse qu’il avait connu dès 1875 : « Ditcs-moi, je vous prie, par un mot au dos d’une carte, quelle est la salle de conférences la mieux en vue, à Londres, ainsi que le nom de l’entrepreneur, s’il existe quelque chose de tel : je sais que Verlaine qui m’échappe, étant hors de Paris en ce moment, a « lecturé » pendant l’hiver quelque part. Je vais moi-même, à la fin de février, à Oxford, répondant à l’invitation de la Taylorian Association, et cela me sourirait de répéter à Londres, au passage, une conférence sur l’effet de laquelle je puis, peut-être, compter un peu. » Mallarmé ne parla pas à Londres : mais seulement à Oxford et à Cambridge. Le 22 mars 1894, du Christchurch College, York Powell écrivait à Verlaine : « Mallarmé a habité chez moi deux jours à Oxford. 11 fut charmant au possible et je suis très heureux de l’avoir eu comme hôte. Il m’a dit qu’il vous raconterait tout ce qui s’est passé à Oxford : mais je suppose que vous ne l’avez pas encore vu. » (Lettre en anglais, Bibl. Jacques Doucet, Paris.) Au retour, Mallarmé semble s’être arrêté quelques jours à Londres où, le 5 mars, sa fille lui écrivait 93, Jermyn street. Mallarmé semble bien avoir été quelque peu déçu, non de son voyage et des amis qu’il rencontra ou qu’il se fit, mais de la portée réduite de ses « lectures ». 11 écrivait de Londres à sa fille : « Il me semble étrange d’avoir fait tant de chemin et pris de la peine pour ce résultat; distraire une soixantaine de personnes du monde, studieuses ou cherchant une occasion d’entendre parler français. » Cela à propos de la séance d’Oxford, et, à propos de celle de Cambridge, ceci : « Je suis venu un peu maussade à Cambridge, parce que je sentais bien, malgré toute la gentillesse de Whibley, que cela serait peu de chose... Vingt places à cinq shillings...