Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/1659

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Aux blancheurs de son flanc que la Seine caresse Émue ou pressentant l'après-midi chanté Tandis que le grand bois trempe une longue tresse Et mélange ta voile au meilleur de T Eté Mais toujours près de toi que le silence livre Aux cris multipliés de tout le brut azur L'ombre de quelque page éparse d'aucun livre Tremble comme ta voile et vagabonde sur Sur la poudreuse chair immense de l'eau verte Parmi le long regard de la Seine entr’ouverte VALÉRY. POUR STÉPHANE MALLARMÉ C'est tout mystère et tout secret et toutes portes S'ouvrant un peu sur un commencement de soir ; La goutte de soleil dans un diamant noir ; Et l'éclair vif qu'ont les bijoux des reines mortes. Une forêt de mâts disant la mer ; des hampes Attendant les drapeaux qui n'auront pas été ; Rien qu'un rose pour suggérer des roses thé ; Et des jets d'eau soudain baissés, comme des lampes ! Poëme ! Une relique est dans le reliquaire, Invisible et pourtant sensible sous le verre Où les yeux des croyants se sont unis en elle. Poëme ! Une clarté qui, de soi-même avare, Scintille, intermittente afin d'être éternelle ; Et c'est, dans de la nuit, les feux tournants d’un phare ! G. RODENBACH. SONNET ADRESSÉ A M. MALLARMÉ LE JOUR OÙ IL EUT CINQUANTE ANS Cinquante heures de nuit préparatoire, à Maître ! Demain s'éblouiront d'aurore, et nous saurons A l'ombre magistrale errante sur nos fronts. Qu’on a vu sourdre l'or et la lumière naître. Eux aussi vont jurer que pas un ne fut traître Au doigt qui désignait l’aube rouge des troncs. Le jour croit. T ous verrez, t0,<s ^es wvais larrons, Qui fuyaient de vous suivre au désert, reparaître.