Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/239

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A LA RIVIÈRE Belle rivière ! clans ton cours de cristal, clair et brillant, vagabonde eau, tu es un emblème de l’éclat de la beauté : — du cœur qui ne se cache — des détours enjoués de l’art chez la fille du vieil Alberto; Mais qu’elle regarde dans ton flot, qui tremble soudain et resplendit — alors le plus joli des ruisseaux ressemble à son adorateur; car dans un cœur, comme dans ta fuite, reste son image profonde — un cœur tremblant au rayonnement de ses yeux qui cherchent l’âme. CHANSON JE te vis le jour de tes noces — quand te vint une brillante rougeur, quoique autour de toi fût le bonheur, le monde tout amour devant toi. Et dans ton œil une lumière embrasante (quelle qu’elle pût être) fut tout ce que sur Terre ma vue douloureuse, eut à voir de Charme. Cette rougeur, peut-être, était-ce virginale honte (pour telle elle peut bien passer) bien que son éclat ait soulevé une plus fougueuse flamme dans le sein de celui, hélas ! Qui te vit ce jour de noces, quand cette profonde rougeur te voulut venir, quoique le bonheur fût autour de toi, le monde tout amour devant toi. A M. L. S. Il n’y a pas longtemps, l’auteur de ces lignes, dans un fol orgueil d’intellectualité, maintenait « la puissance des mots » — niait que jamais pensée surgit dans le cer-