Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/546

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J’isole Gustave Flaubert, parmi plusieurs absolus. Tout au moins, la sagacité de part et d’autre excellerait-elle à reconnaître, en un, très imprévu qui vint, avec des facultés telles de littérature que ce n’en est plus même, miraculeusement, quelque faune inné de la vision et du dire : foulant, selon la mystérieuse perfection attachée à sa nature, avec virginité, ce qui, pour tous, est la route où l’on peina. Son enfant certain, auquel voue une tendresse et dont s’enorgueillit, à défaut de l’envol culminant des altitudes le sol même littéraire d’une nation : il est le produit immédiat et bon à chacun. J’applaudis Zola, dans un discours perspicace autant qu’émouvant, sur la tombe, par un parfait éclair d’avoir indiqué La Fontaine et les Fables comme exemple de la probable immortalité qui accompagnera nombre des contes fermes et libres de notre contemporain. Un cas, ordinaire à ces déités de terroir, éclate ici, que quiconque lit, peut les lire et à la suite tout lire. Haussant subitement à leur degré le simple et l’initiant, loin : c’est restituer aux lettres la vertu d’une fonction originelle et inapprise, qui me frappe comme un dessein français. Voilà comment, chez nous seuls, la Presse, limitons cette désignation, ainsi que de coutume, au journalisme, a, naguère, voulu une place aux écrits. Le traditionnel feuilleton en rez-de-chaussée longtemps soutint la masse du format entier : ainsi qu’aux avenues, sur le fragile magasin éblouissant, glaces à scintillation de bijoux ou par la nuance de tissus baignées, sûrement pose un lourd immeuble à étages nombreux. Mieux, à présent, la fiction proprement dite ou le récit, imaginatif, s’ébat au travers de « quotidiens » achalandés, triomphant à des lieux principaux, jusqu’au faîte; en déloge l’article de fonds, ou d’actualité, apparu secondaire. Suggestion et même leçon de quelque beauté, qu’aujourd’hui n’est seulement le remplaçant d’hier, présageant demain, mais sort du temps, comme général, avec son intégrité lavée et neuve. Que le vulgaire placard crié comme il s’imprime, tout ouvert, dans le carrefour, ait subi ce reflet, ainsi, de quel ciel soufflant, en tant que poussière, sur le texte politique, etc., je m’accommode : c’est acte de ces quelques années. Le doué ou le fort qui immédiatement aida au phénomène, rien qu’en se rencontrant là et prêt, avec une effervescence de sujets propres à empaumer le public