Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/575

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Avoir pour second mouvement de détourner les yeux du manuscrit afin de régler, apport aussi de l’âge légal, la disposition d’une fortune alors considérable (au revenu de deux millions cinq cent mille francs environ), rien que de strict. Le cercle des voyages achevé, l’un aux côtés d’une jeune et très belle épouse et d’autres seul pour en promener partout la mort et les souvenirs, vint l’instant du retour, mais sans la hantise d’autrefois. Cette imagination aux vastes desseins, comme dépossédée de leur but spirituel rempli et la même cependant, s’éprit d’abattre pierre à pierre le vieux Fonthill House, réfléchi dans le miroir d’un monotone bassin, pour édifier non loin Fonthill Abbey, au milieu de jardins acclamés les plus beaux de l’Angleterre. Résurrection à grand prix faite et de tout site et de tout temps, le seul rêve, invité à peupler le nouvel intérieur, eut, pour matériaux, ceux de l’art universel représenté là par ses merveilles : le ciel considérait d’immenses collections de fleurs. Point de faux soucis ni de démarche vers des honneurs sociaux : mais tendre uniquement autant que combler la magnifique construction ou de soie ou de vases, chaque meuble disposé d’après un goût jusqu’alors inconnu, voilà; et ce désir, cher à tout grand esprit même retiré, de donner des fêtes, une, où Nelson, venu sur les pas de la seconde lady Hamilton, applaudit sa sirène dans un divertissement tragique et sculptural. Le calme, bon à la méditation des produits purs de l’esprit, se fait : nul livre appartenant à la grande génération, qui ne passe par les mains du bibliophile, épris de nobles marges pour y inscrire son jugement. Si discrète que fût cette participation au moment, elle ne s’accusa presque point davantage par la mise au jour d’heureuses parodies du cant fashionable en hon- mienne encore que jadis à la mémoire de Beckford, épris de parchemins blasonnés et de lecture : les Mémoires du comte de Gramont, puis leur suite d’opuscules enjoués; mais avec quel manque de ressemblance dans le but ou l’occasion. L’esquisse de mœurs françaises émane du château de Saint-Germain, or du jour même le texte en appartient ouvertement comme l’esprit à notre âge classique. Détail plutôt à relever dans ce rapprochement et qui y apporte de l’intérêt : quelque parenté par sa mère, une I lamilton, entre l’héritier de Fonthill et le gentilhomme émigré parmi la cour de Jacques 11 ; d’où une ambition (ma foi) d’imiter cet ancêtre.