Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/787

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nouveautés. « Une première causerie?» demandez-vous. « Il y en aura donc plusieurs ? >1 Puis, vous reprenez : « Ah ! quel dommage! Notre journal était si complet, si artistique, si bien rédigé! » — La Dernière Mode, enfin, vous tombe des mains, lorsqu’après avoir jeté un regard au bas de la page, vous voyez un nom étranger et vous vous écriez : « Une Anglaise ! » Pour dire toute la vérité, Mesdames, cette réception était prévue. Ce mot de « Fashion », cette signature, cette demi-page qui arrive non sans intrusion prendre la place, de la description des cinq toilettes, tout cela ne devait pas valoir au nouvel article un accueil enthousiaste : et cependant, dans votre intérêt même, il faut me dévouer. La direction m’impose la tâche de vous faire un aveu. Le meâ culpâ sera court et loyal. On avait oublié, dans votre journal, les Dames de la colonie étrangère à Paris, et les Dames étrangères dans le monde entier; toutes. Préoccupés qu’on était de vous seules, Mesdames, c’était comme si les fêtes de Londres, de Moscou, de Vienne, n’existaient pas. Aussi, quelle pluie de lettres avec leurs timbres bizarres, le tout orné de petits commentaires qui cachaient des susceptibilités froissées. Et cela n’est pas tout : les Dames Parisiennes nous adressèrent aussi bientôt des lettres pour demander des renseignements nouveaux. En voici une, ouverte au hasard, dans laquelle on exprime le désir de savoir d’où sort le chapeau, style Rubens, qu’on nomme Helena Fourment, et l’on ajoute : Qui était Helena Fourment ? Pour nous guider dans nos recherches, l’on nous apprend que le chapeau si remarquable fut porté la première fois par Ladv*** à une réunion d’automne. Une seconde lettre demande où l’on peut se procurer le peigne Virgile qui relève à ravir les blondes tresses de l’Honorable Mrs P***. On veut en ceci imiter les Dames Américaines : c’est à ne pas y croire; mais enfin ces communications révèlent subitement qu’il y a une nécessité de rapprochement entre tous les membres du high life, qu’ils appartiennent au fover même de toutes les élégances, Paris, ou qu’ils soient répandus dans les différents centres de la vie fashionable. La direction de la Dernière Mode, désireuse de satisfaire, à ce besoin, a voulu aller au devant de toute nouvelle réclamation, et annonce une Gazette de la Fashion, destinée à tenir les Dames Françaises au courant de ce qui se passe, à l’Étranger. Il me reste seulement à répondre aux demandes concernant le chapeau Helena Fourment et 1e peigne Virgile.