Page:Mallarmé - Œuvres complètes, 1951.djvu/804

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Toilette de Dîner (en Cachemire, je l’ai vue rose, comme vous pouvez la voir bleue). Le Tablier de la première Jupe est garni de maint bouillon horizontal froncé à deux fils avec têtes étroites de chaque côté, celles-ci liserées de satin et reposant elles-mêmes sur un bouillon. La traîne est ornée de sept petits volants plissés. Huit écharpes garnies, chacune, d’un entre-deux de gaze blanche brodée avec de la soie plate, se placent en tunique et se nouent sur la traîne, mais en haut. Corsage à basques rondes lacé derrière (il a donné leur nom aux robes-corselets} et entouré aussi d’une garniture de gaze. Fraise en tulle illusion avec col en cachemire doublé de satin et Manches bouillonnées avec parement. A celle d’entre vous, Mesdames, qui, la première, portera cette Toilette, l’honneur de l’appeler : car un joli usage, datant de quelques jours, veut qu’une robe se nomme de la femme qui, par son port, charme et distinction, lui a, dans le monde, acquis la célébrité et le prestige! Mais nous reviendrons, involontairement, à nos belles réunions de ces jours-ci, dans la salle d’honneur de grandes résidences nobiliaires, ou aux théâtres de musique! J’ai noté sur l’ivoire un mot ayant trait à une partie du Costume qui, indéniablement, lui donna un grand cachet, au début de la saison, c’est le Tablier. Tantôt il est simple et fait pour le chez-soi, n’appartenant pas au costume et se passant sur quelque robe de dessous que ce soit : avec des dentelles ou des plissés, rattaché aux épaules et retenu derrière par des nœuds riches et inégalement amples, lesquels tombent à distance sur la jupe. Tantôt, il est resplendissant, fabuleux, superbe : on le surcharge alors de fleurs brodées avec des couleurs éclatantes ou de nœuds et d’applications de velours; on le passemente de perlures. Toutefois, elles sont, ces perlures, autre chose depuis quelques soirs, que les jais blancs ou noirs ou que l’acier bleu et blanc prédits par notre premier Courrier de la Saison : un jais, oui, mais splendide comme toutes les pierres précieuses de la terre assemblées, chatoyant, miroitant, pâlissant, un peu parure de reine de Saba. Ce talisman, sur les robes d’Opéra et de grande Soirée, attire à soi, condense et garde toute la richesse de la Toilette, ainsi que les regards qui s’y portent d’abord. Marguerite de Ponty. GAZETTE DE LA FASHION Lequel des deux faut-il croire, Mesdames, le témoignage de ses yeux ou celui de ses oreilles ? Il s’agit de dire au juste s’il y a beaucoup d’acheteurs à Paris, ou s’il est vrai que les affaires 11’y vont pas du tout. D’après ces foules qui se