Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/171

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le secret des vertus possédées par les herbes. La suite de ce conte est : qu’Asclépios plus tard gagna une renommée aussi vaste que le monde et l’amour de tous, en tant que guérisseur de douleurs et de maux. Mais le pouvoir qu’avait le sage de ressusciter les morts éveilla la fureur d’Hadès, qui se plaignit à Zeus que son royaume serait bientôt dépeuplé, si Asclépios continuait à rendre les êtres au monde supérieur. Zeus frappa Asclépios de sa foudre, et cela provoqua la colère d’Apollon au point de lui faire tuer le géant Cyclope. Zeus, pour cette offense, bannit le jeune dieu dans la terre strygienne ; mais sur la prière de Léto ou Latone, sa mère, ce châtiment fut changé en un an de service dans la maison d’ Admète, qui régnait à Phères. Plusieurs racontent différemment l’histoire d’Asclépios, et, suivant leurs versions, Coronis elle-même, peu après la naissance de son enfant, l’exposa sur le flanc d’une colline, répétant ainsi le conte de Pâris, de Télèphe, d’Œdipe et d’autres héros. L’enfant fut nourri par une chèvre, comme Kuros (notre Cyrus latin) le fut par un chien, et Romulus par un loup. Un berger le trouva, que guidait vers le lieu la clarté d’une lumière entourant l’enfant. Asclépios fut de là appelé Aglaer, « celui qui brille », nom simplement soleil.

Quant à Coronis, je vois en elle un être qui, par sa vie et sa mort, ressemble de près à Procris. Comme cette dernière, la jeune femme est charmée par un étranger qui vient, vêtu d’une beauté pareille à Phoïbos, de la terre arcadienne ou « brillante », de même aussi qu’Apollon de Délos ; et toujours comme Procris, elle périt de la lance d’Artémis. Le châtiment d’Apollon : voyez là une autre forme de l’idée qui représente Héraclès et Poséidon pei-