Page:Mallarmé - Les Dieux antiques.djvu/36

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devant elles chercher des régions inconnues et libres. Nomades qui rencontraient, dans le pays choisi pour s’y fixer, les descendants de tribus congénères des leurs peuplant déjà ces terres ; une seconde couche aryaque se formait alors dans ces lieux. Pour assigner un ordre probable à ces migrations successives, j’ajoute que la première fut, peut-être, celle à qui l’on donne le nom de migration germanique et slave ; puis une autre se dirigea vers la Perse et vers l’Inde, pendant qu’une dernière trouvait lentement le chemin des contrées plus tard appelées la Grèce et l’Italie, ainsi que des vastes terres qui devinrent le sol celtique.

Quelqu’un de vous me demandera si toutes ces tribus emportaient avec elles leurs déités. Elles emportaient au moins une langue commune, à laquelle étaient confiés des mythes communs. L’éloignement où vécurent l’une de l’autre les peuplades errantes ou fixées, fit que leur langue se différencia et se refondit en idiomes nouveaux ; et de la même façon les mythes, mêlés intimement à la parole, acquirent une existence nouvelle et isolée. Mais langues et mythes ne se sont jamais si complètement transformés, que deux sciences, celle du Langage et la Mythologie, ne puissent, par leur effort récent, retrouver la parenté originelle des mots et des dieux.