Page:Mallarmé - Préface à Vathek.djvu/36

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Qu’y a-t-il ? sans vraiment le feuilleter. À Byron, sur le point de révéler aussi un Orient, la réponse due si généralement hante les mémoires, qu’il la faut, seule, transcrire. Pour l’exactitude et la correction du costume, la beauté descriptive et la puissance d’imagination, ce conte, plus que tout oriental et sublime, laisse loin derrière soi toute imitation européenne, et porte de telles marques d’originalité, que ceux-là qui ont visité l’Orient éprouveront quelque difficulté à croire que c’est plus qu’une simple traduction. Le grand génie partageait alors la commune croyance à quelque imitation anonyme de paraboles arabes, fond neutre et d’erreur sur quoi plus tard se détachera la figure de Beckford ; intéressant à elle dans une apostrophe célèbre son héros même, il le fait s’écrier au premier chant du Childe Harold : C’est là (à Montferrat) que toi aussi, Vathek, fils le plus fortuné d’Albion, naguères tu te fis un paradis, etc., que tu habitas et dressas des plans de bonheur, sous le front toujours beau là-bas de cette montagne : mais maintenant comme quelque chose de maudit par l’homme, ta féerique demeure est aussi solitaire que toi… les herbes