Page:Maman J. Girardin.pdf/150

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—Mes amis, dit le capitaine, compteront un ami de plus à la Silleraye.

— Ça vous plaît à dire, objecta M. Pichon avec la modestie hypocrite d’un homme qui veut se faire répéter un compliment.

— Et cela me plaît à penser aussi, vous le savez bien, riposta le capitaine.

— Eh bien ! puisque c’est comme cela, je vais vous faire voir le fond de mon sac. J’ai par lia-bas, à Saumur, un neveu qui est tonnelier de son état et qui a femme et enfants. J’irai le voir un de ces jours, et je compte le décider à venir fabriquer des tonneaux ici. Guilmard bousille, depuis qu’il a fait un petit héritage, et les gens de la Silleraye commencent à faire venir leur tonneaux du dehors ; vous voyez que l’occasion est bonne. Et puis je ne serais pas fâché d’avoir, moi aussi, une famille autour de moi sur mes vieux jours. .l’ai eu tort de ne pas me marier quand il était temps ; maintenant il est trop tard. Croyez-moi, capitaine, mariez-vous pendant que vous êtes jeune ; mais je me demande de quoi je me mêle. Pour en revenir à nos moutons, voilà mon neveu installé à la Silleraye. Pendant que Mme Gilbert réveille la ville haute par des moyens à elle, mon neveu réveille la ville basse en tapant comme un sourd sur ses cuves et ses tonneaux, n’est-ce pas une idée, cela ? demanda-t-il d’un air radieux.

— C’est une excellente idée, répondit complaisamment le capitaine.

—Je la rumine dans ma tête tout le long de la route, pendant que les roues bourdonnent, et cela me tient compagnie. Tringlot ! si tu ne te tiens pas mieux, tu auras affaire à moi ! »