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Jacques s’avança bravement.

CHAPITRE XIX


Toute la famille Pichon.

L’oncle Pichon se coupa d’abord une toute petite tranche de bœuf à la mode, uniquement pour voir quel goût « ça pouvait bien avoir, car il n’avait pas faim ».

Il se carrait dans sa chaise, jetait autour de lui des regards satis faits et mangeait lentement, comme un homme qui n’est pas pressé par l’heure. Il éprouvait un sentiment de bien-être et un vif besoin d’expansion, comme un voyageur qui rentre au foyer domestique après une vie d’agitation, de fatigues et de solitude.

Sa nièce lui versait à boire ; son neveu le regardait en souriant, et le poupon faisait de brusques soubresauts, aussitôt réprimés par sa petite mère, pour attraper ses boucles d’oreilles, sa fourchette ou son couteau.

« Qu’on est donc bien ici, mes enfants ! dit l’oncle Pichon quand il eut achevé sa petite tranche de bœuf.

— Encore une petite tranche ! lui dit sa nièce d’un air engageant.