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vous ne trouveriez pas… Tambourin ! » cria-t-il d’une voix de stentor par la porte entrebâillée.

Au bout d’une minute Tambourin apparut, sous les espèces et apparences de l’homme aux joues roses et aux favoris mousseux. Pour répondre à l’appel de son nom, il avait évidemment interrompu son repas, car son menton et ses favoris reposaient sur une serviette nouée derrière le cou, et il tenait à la main un os de poulet qu’il avait emporté par mégarde.

S’étant aperçu de son étourderie, Tambourin jeta tranquillement son os de poulet dans la cheminée, et, pour se donner une contenance, essuya ses doigts l’un après l’autre à sa serviette.

« Tambourin, reprit M. Pichon, est-ce que vous connaissez une maison à louer à la Silleraye ? »

Tambourin avança la lèvre inférieure et regarda le plafond. Après une demi-minute de méditation profonde, il alla tranquillement à la porte et cria d’une voix flûtée: « Aglaé ! »

Aglaé, autrement dit Mme Tambourin, entra quelques instants après en faisant une belle révérence de pensionnaire, et en se frottant les mains d’un mouvement doux et lent.

« Pichon, lui dit son mari, désire savoir s’il y aurait par hasard une maison à louer à la Silleraye.

— Oui, il y en a une, répondit Mme Tambourin, mais c’est tout comme s’il n’y en avait pas.

— Comment cela ? demanda M. Pichon avec impatience.

—Oh ! mon Dieu ! c’est bien simple, répondit Mme Tambourin d’un voix traînante, le percepteur s’en va.

— Déjà ! s’écria M. Pichon en adressant un clignement de l’œil gauche au capitaine.

— Oh ! mon Dieu, oui, déjà ! répondit Mme Tambourin d’un air accablé. Avisant une chaise à sa portée, elle se laissa tomber dessus avec un soupir. Tambourin suivit machinalement son exemple. Assis sur une chaise basse, les jambes écartées, les deux mains sur les genoux, avec la serviette nouée dans le dos, il avait l’air d’attendre que quelqu’un de la compagnie voulût bien lui faire la barbe.