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Il attendait tranquillement.


CHAPITRE X


L’Observateur de la Silleraye. — Le ménage Pascaud. — Mme Pascaud conseille à son mari d’être « comme un crin » avec le nouveau percepteur. -— Les sentiments d’un chien obèse.

ll y avait à la Silleraye une petite impasse silencieuse et retirée où l’on avait jadis planté un marronnier en vertu de ce principe : par tout où l’on peut raisonnablement planter un arbre, il faut en planter un. À l’ombre de ce marronnier, qui était devenu énorme avec le temps, les pavés de l’impasse s’étaient couverts de mousse, et les bâtiments voisins avaient pris le parti d’imiter le bon exemple des pavés. L’un de ces bâtiments était une sorte de remise, où un marchand de la ville, qui avait eu autrefois âne et voiture pour aller le dimanche à sa vigne, avait longtemps remisé, sa voiture et son âne. Le marchand étant parti pour un monde meilleur, sa succession avait été partagée entre ses héritiers, et comme aucun de ses héritiers n’avait âne et voiture, la remise avait été abandonnée à elle-même ; grâce au temps qui détruit tout, grâce à l’ombre humide du marronnier, la remise était devenue l’objet le plus lamentable et le plus décourageant qui pût frapper les regards d’un mortel.