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l’intrigue. Ce témoignage si flatteur est consigné dans la résolution suivante, passée dans l’assemblée législative le 2 décembre 1843, par une division de 46 voix contre 23 :

« Résolu — Qu’il soit présenté une humble adresse à Son Excellence le gouverneur-général, pour lui exprimer humblement le vif regret qu’éprouve cette chambre en conséquence de la retraite de certains membres de l’administration provinciale sur la question du droit qu’ils réclament d’être consultés relativement aux nominations aux emplois, que nous déclarons, sans hésiter, appartenir à la prérogative de la Couronne, et pour assurer Son Excellence que la défense de ce principe leur donne droit à la confiance de cette chambre, en ce qu’elle est strictement conforme aux principes émis dans les résolutions qui ont été adoptées par cette chambre le 3 septembre 1841. »

Des assertions calomnieuses contre ses anciens conseillers, une intervention directe dans les élections de la part du gouverneur, qui n’hésita pas à faire de son nom un cri de parti, lui procurèrent de la part du corps électoral une approbation apparente quoique numériquement très faible. Il obtint ainsi du nouveau parlement ce qu’il n’avait pu obtenir de l’ancien. Ce fut dans cette occasion que la majorité, l’immense majorité de la population du pays, eut à se plaindre plus que jamais de l’inégalité et de l’insuffisance de la représentation. Après avoir mis de côté les vrais principes de gouvernement, on se servit avec avantage des moyens déjà employés pour faire triompher la minorité de la majorité, et il est aujourd’hui constaté que si, avec un gouvernement sincère et impartial, une stricte adhésion aux principes britanniques peut, en quelque sorte, faire oublier le vice fondamental de notre constitution, il n’en sera pas moins loisible à tout gouverneur mal disposé de se servir des éléments de corruption qu’offre la répartition électorale pour donner lui-même la victoire à un parti contre le vœu de la masse de la population.

Un tel acte paraît tellement odieux, qu’on serait tenté d’en croire la répétition impossible ; et malgré les efforts qu’a faits l’administration actuelle pour se maintenir au pouvoir, malgré qu’il lui ait été permis d’ouvrir la troisième session du parlement avec une seule voix de majorité dans l’assemblée et la voix de l’orateur du conseil législatif, membre lui-même de