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EXTRAITS DE MARC-AURÈLE.

XLV

Tu peux vivre exempt de toute violence, dans la plus profonde paix du cœur, quand même tous les hommes vociféreraient contre toi tous les outrages imaginables ; quand même les membres de cette masse corporelle qui t’enveloppe seraient mis en pièces par les bêtes sauvages. Car qui empêche, dans toutes ces conjectures, que la pensée ne se maintienne dans un plein calme, jugeant au vrai ce qui se passe autour d’elle et se servant comme elle le doit de ce qui tombe sous ses mains ? Le jugement ne peut-il pas dire à l’accident : Tu n’es au fond que ceci, bien que l’opinion te fasse paraître d’autre nature ; l’emploi des choses ne peut-il pas dire à ce qui survient : Je te cherchais ? En effet le présent est toujours pour moi matière à vertu.

XLVI

Les Dieux, qui sont immortels, se résignent sans colère à supporter toujours, pendant des siècles innombrables, un si grand nombre d’hommes, et si méchants : bien mieux, ils prennent d’eux toutes sortes de soins. Mais toi, qui vas bientôt cesser de vivre, tu te fatigues, et cela quand tu es un de ces méchants !

XLVII

Il faut que tu règles ta vie action par action. Si chaque action présente tout ce qu’elle doit être, autant qu’il est en toi, c’est assez. Or, il n’y a personne qui puisse empêcher qu’elle n’offre toute sa perfection.

XLVIII

Recevoir sans fierté, quitter sans regret.

XLIX

Prends-moi, jette-moi où tu veux. Là encore je posséderai mon génie secourable.