Souviens-toi que tu es l’acteur d’un rôle, tel qu’il plaît à l’auteur1 de te le donner : court, s’il l’a voulu court ; long, s’il l’a voulu long ; s’il veut que tu joues un rôle de mendiant, joue-le naïvement ; ainsi d’un rôle de boiteux, de magistrat, de simple particulier. C’est ton fait de bien jouer le personnage qui t’est donné ; mais de le choisir, c’est le fait d’un autre.
Quand un corbeau2 pousse un cri de mauvais augure, ne te laisse pas emporter par ton idée ; distingue3 aussitôt en toi-même, et dis : « Dans tout cela il n’y a point de présage pour moi, il ne peut y en avoir que pour mon corps, ma fortune, ma réputation, mes enfants, ma femme. Quant à moi, tout est de bon augure, si je veux ; car quel que soit l’événement, il dépend de moi d’en tirer profit. »
1. Tu peux être invincible, si tu ne t’engages dans aucune lutte, où il ne dépend pas de toi d’être vainqueur.
2. Quand tu vois un homme revêtu d’honneurs ex-