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XVII

Souviens-toi que tu es l’acteur d’un rôle, tel qu’il plaît à l’auteur1 de te le donner : court, s’il l’a voulu court ; long, s’il l’a voulu long ; s’il veut que tu joues un rôle de mendiant, joue-le naïvement ; ainsi d’un rôle de boiteux, de magistrat, de simple particulier. C’est ton fait de bien jouer le personnage qui t’est donné ; mais de le choisir, c’est le fait d’un autre.

XVIII

Quand un corbeau2 pousse un cri de mauvais augure, ne te laisse pas emporter par ton idée ; distingue3 aussitôt en toi-même, et dis : « Dans tout cela il n’y a point de présage pour moi, il ne peut y en avoir que pour mon corps, ma fortune, ma réputation, mes enfants, ma femme. Quant à moi, tout est de bon augure, si je veux ; car quel que soit l’événement, il dépend de moi d’en tirer profit. »

XIX

1. Tu peux être invincible, si tu ne t’engages dans aucune lutte, où il ne dépend pas de toi d’être vainqueur.

2. Quand tu vois un homme revêtu d’honneurs ex-