Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/128

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— Bah ! il boude… les réceptions l’assomment.

— Il ne tousse jamais ?

— Non ; il déclame des vers, de sa composition.

— Il faudra que je l’examine, reprit le docteur.

— Camille n’a rien du tout. Seulement, ces premières chaleurs sont très déprimantes pour la jeunesse.

M. le magister possédait la clairvoyance habituelle des pères.

Camille éprouvait une douleur réelle. Depuis huit jours, il traînait derrière lui la chaîne pesante d’un désespoir grandissant, à laquelle chaque heure ajoutait un anneau. Pas d’imagination, dans son cas. Le souvenir de deux lèvres chaudes et d’une morsure à petites dents blanches, le hantait plus intensément que ne l’eût fait une déclaration platonique. Malheureux affamé, on l’avait affolé en lui émiettant de menues bribes du festin avant de l’éloigner de la table. Privé de la joie d’espérer par les paroles décisives de