Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/158

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c’était un joli garçon ; un brun aux yeux bleus, avec une douce figure efféminée, une tête bouclée de mignon sur un corps robuste, élancé, râblé de jeune Hercule ; portant, en sa personne, cette androgyne beauté qui caractérise la statuaire antique.

M. Pascal, ignorant les personnalités de Montfleuri puisqu’il ne circulait jamais dans la ville, ne put reconnaître le fils de M. le magister.

Oui : tandis que son père constatait son départ et lançait sur de fausses pistes des poursuivants qui ne parviendraient qu’à confirmer sa disparition, Camille accomplissait l’étrange démarche de se présenter chez M. Pascal.

Il était là, un peu embarrassé par la bizarrerie de sa situation, et néanmoins assez assuré pour dévorer des yeux cet homme frais et vigoureux, bien découplé, qu’il voyait enfin — après des semaines passées à se l’imaginer, avec tous les raffinements de la jalousie et de la curiosité.

Camille songea, aigri : « Il est trop réussi pour un mari ! »