Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/176

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tristesse piteuse des hommes gras, dont un amaigrissement rapide détend la peau flasque comme une baudruche crevée.

C’est encore un privilège de la jeunesse que d’être idéalisée par la souffrance : la douleur des vieillards est une pauvre chose grotesque.

Avant que la séance commençât, le docteur Antony, se glissant auprès d’Onésime Champion, avait chuchoté :

— Eh bien ? Pas de nouvelles ?

— Rien. C’est inconcevable. Depuis quinze jours, j’ai mis tout Montfleuri sens dessus dessous, en pure perte. Laurenzi s’arrache les cheveux… Ah ! ma police est bien mal faite. Véran m’a affirmé que mon fils n’aurait pu prendre le train sans être remarqué : on ne passe pas inaperçu dans une gare aussi tranquille que la nôtre… Alors, quoi ? Camille a filé en aéroplane ? Il y a deux semaines qu’il est disparu ; et, avec le temps qui s’écoule, s’éloigne la chance de le retrouver. À tout hasard, j’ai envoyé un télégramme circonstancié aux autorités françaises et ita-