Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/213

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m’aurait bien enlevée si ç’avait été possible… Cher Camille ! »

Elle se reprocha d’avoir cédé à la crainte de la brutale jalousie conjugale, en supprimant ses promenades journalières : cette trop brusque décision avait affolé Camille, était la cause de son malheur.

Lily pensa : « Et la seule récompense qu’il ait jamais obtenue, en échange de ses peines, c’est un unique baiser sur la bouche, que je lui ai donné, et si vivement, qu’il n’a même pas eu le temps de le savourer. »

Une révélation subite illumina la jeune femme : « Mais je l’aime, ma parole ! Je l’aime pour de vrai. »

Lily constatait, avec une stupéfaction ingénue, qu’elle s’était entortillée dans ses propres filets : sa fantaisie pour ce joli adolescent — mâle et puéril à la fois — était devenue une solide et franche passion, qu’elle rougissait presque de se découvrir.

Elle détestait à présent ce qui l’avait fait rire hier : elle souhaitait que cessât au plus tôt l’avilissante position de Camille. Car elle