Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/226

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Lucien Pascal étreignait les mains de ce médecin inconnu avec l’effusion chaleureuse d’un homme qui retrouve un ami d’enfance. Antony ne broncha point. Ses fonctions l’accoutumaient à vivre au milieu du désarroi des autres. Il s’était bardé d’insensibilité et de froideur, à force de frôler les peines et les désespoirs d’une multitude d’indifférents.

D’ailleurs, légèrement distrait, Antony regardait, autour de lui, avec l’attention perverse d’un visiteur de musée secret. Quoique d’apparence décente et ne recelant aucune gravure obscène, ces murs lui chuchotaient les mille aventures libertines qui s’étaient déroulées à leur abri.

M. Pascal dut lui rappeler le but qui l’avait amené :

— Montez-vous pour l’examiner, docteur ?

— Oui, oui… Allons.

Dans l’ascenseur, M. Pascal se lamenta :

— Vous le guérirez, n’est-ce pas, docteur ?… Voyez-vous, je m’intéresse à lui comme à mon enfant… Ce cher Benjamin