Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le cri aigu d’une sirène signala le passage d’un bateau à vapeur, qui traversa lentement le golfe, crachant sa fumée grise.

Alors, voyant les yeux de la jeune femme toujours fixés sur la mer, Camille se décida : désignant de l’index l’éperon noir du navire filant sur l’eau bleue, il se rapprocha, fit un effort prodigieux et réussit à articuler d’une voie étranglée :

— C’est l’Aïoli… Il part pour la Corse tous les samedis.

L’inconnue leva la tête, sourit : l’accent de détresse avec lequel ces simples mots étaient proférés rendit Camille irrésistiblement comique. Après un temps, elle répondit :

— Ah !… Je vous remercie, Monsieur.

Sa politesse ironique pour accueillir ce renseignement qu’elle n’avait point sollicité, exaspéra Camille. Il songea : « Je dois lui paraître idiot. » Cette idée l’aiguillonna ; maintenant que l’entretien était entamé, il fallait le continuer à tout prix, éviter que le silence ne retombât. Et le jeune homme poursuivit avec volubilité :