Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/284

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Tandis qu’à présent… Quand le reverrai-je, hélas ?

Le docteur Antony s’avança, saisit la main de son vieux compagnon et, l’étreignant d’une de ces accolades rudes et réconfortantes, d’homme à homme, — il murmura avec tendresse :

— Sois fort, mon camarade… Ton fils n’est guère coupable, en somme : il t’a simplement révélé son âge… Les pères ne voient pas grandir leurs gamins. Le mioche pousse petit à petit… On échange la robe contre un pantalon… Une année, ce sont les boucles brunes que les ciseaux emportent… Une autre, c’est la voix cristalline qui se mue en un organe rauque : l’accent mâle de demain… Enfin, la moustache frise et les femmes commencent à sourire, en croisant l’adolescent… Ton fils est parti : pour toujours, dis-tu ? Hélas ! formons le vœu qu’il rentre au bercail le plus tard possible !… Car, pourquoi notre Camille aurait-il rencontré cette exception : une belle, fidèle ?… Et l’enfant te reviendra, meurtri, à la première trahison. Souhaite donc de pleurer