Page:Marais - La Maison Pascal.djvu/86

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M. Pascal poursuivit d’une voix onctueuse :

— À présent considérons le côté moral de l’œuvre. Les orateurs que j’ai accueillis dans ma maison ne vivaient pas, hélas ! dans le milieu qu’eût mérité leur exceptionnelle valeur. Les grands artistes sont toujours pauvres. Grâce à vous, ces jeunes gens — tous du meilleur monde — connaîtront les douceurs d’un monde meilleur. Leurs talents croupissaient dans la gêne avant que je fisse appel à leur concours ; les uns posaient chez des peintres ou des sculpteurs ; servaient de secrétaires particuliers à des femmes ou des hommes de lettres sensiblement plus âgés qu’eux ; les autres étaient réduits à protéger la promenade nocturne de dames attardées sur des boulevards peu fréquentés. J’engageai même un jeune comédien débutant, las des répétitions auxquelles l’astreignait sa directrice : celui-là me fut précieux ! Jugez-en, Mesdemoiselles.

Sachant qu’ils s’adresseraient à de chastes oreilles, j’exigeai de mes pensionnaires un vocabulaire châtié et le maintien le plus cor-