Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/125

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ciens, à un prix qui me permet de régler ces dettes si Thoyer consent à me laisser vendre, ce qui est probable. Mais je me représente l’état d’âme de Laurence, lorsqu’elle verra tous ces vieux souvenirs de famille descendus a la rue, emportes dans un fourgon, vendus, dispersés, perdus… J’ai peur que, dans sa dépression, elle ne soit à la merci de la première maladie… son organisme doit être affaibli. Et maintenant qu’elle recommence son travail…

— Quel travail ? interrompit Bessie, étonnés.

— Mais… ses fonctions chez Litynski.

— Comment !… Elle a repris son emploi ? Miss Arnott exprimait une stupéfaction un peu scandalisée. Puis, avec un timidité ignorante de petite fille trop riche, elle interrogea doucement :

— Est-ce que vous êtes absolument forcés ?… Elle ne pourrait pas vivre, sans cela ?

François expliqua avec dignité : — Absolument forcés, non… À la rigueur, ma solde suffirait à l’entretien d’une jeune fille seule ; Laurence pourrait se retirer en province, chez des cousins tout disposés à l’accueillir affectueusement… Mais, outre qu’elle préfère ne pas recourir à leur assistance — ce dont je ne saurais la blâmer — ma sœur a contracté une obligation envers monsieur Lityinki ; il lui a fait, avec une bonne grâce exceptionnelle, des avances sur son traitement pendant les trois mois qu’elle a soigné notre mère ; elle va lui devoir six cents francs…

Bessie s’écria impétueusement i

— j’espère qu’il ne lui réclame rien ? François répliqua d’un ton ferme :