Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/127

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Nous ne pouvons pas rester les obligés de M. Litynski.

Bessie, confondue, déplorait tout bas les conséquences imprévues de son intervention passée : que faire ? Avouer que c’était elle, la véritable créancière de Laurence ? Elle comprenait qu’elle froisserait trop vivement la fierté des jeunes gens. Elle se dépitait de penser que Laurence allait de nouveau travailler — sans qu’une objection fût possible — afin que M. Litynski pût rembourser plus tôt le chèque américain !

Mais un regard qu’elle jeta au jeune homme changea le cours des réflexions de Bessie : François paraissait si ravagé par ses malheurs intimes qu’il lui inspirait une sorte d’appréhension apitoyée.

Elle soupira :

— Mon Dieu ! dans quelles mauvaises conditions vous vous en allez !

François eut un geste de renoncement ; et dit, impassible :

— Il le faut. Bessie murmura :

— Oui…

Et, à ses lèvres, monta la formule qui traduit le « mektoub » des fatalistes, avec plus de volonté, à l’américaine :

It must be done !

« Cela doit se faire ! »

François reprit, après un silence :

— J’étais venu d’abord pour vous remer-