Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/128

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cier de la cordialité, des bontés fraternelles que vous nous aveu témoignées, mademoiselle, et vous assurer de ma profonde gratitude. Ensuite… puis-je vous demander d’aller voir ma sœur, quand je ne serai plus là ? Je suis sûr que votre visite lui fera du bien. Et je serai heureux de songer, de loin, qu’elle se sentira moins seule grâce à vous. Bessie répondit, d’un élan :

— Vous assez bien compris que mon abstention, ces jours derniers, n’était qu’une preuve de discrétion… je ne voulais pas troubler vos épanchements : vous aviez si peu de temps à rester ensemble ! Mais dès demain, j’irai la voir et la réconforter… Je vous le promets.

François d’Hersac s’inclina et lui baisa la main.

« Dieu ! que sa présence m’a glacée ! » remarqua Bessie, après son départ.

Toute frileuse, la jeune fille était secouée de légers, frissons. Elle voulut plaisanter :

— Vais-je devenir nerveuse et impressionnable comme une Parisienne ?

Mais elle restait ébranlée : une grande détresse venait de la frôler. Et comme elle avait dévoré un nombre incalculable de livres français avec le souci bien national de son développement intellectuel, ces vers, lus elle ne savait où, lui revinrent en mémoire :

Le chevalier Malheur, qui chevauche en silence,
Le chevalier Malheur m’a frappé de sa lance.

XVIII

— Ma pauvre Maria, dit document Laurence à sa domestique. Ma pauvre Maria, je ne savais comment vous annoncer cela et je reculais de jour en jour… Mais me voilà forcée de me priver de vos services.

— Mademoiselle me renvoi ! gémit la vieille bonne.