Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/131

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— Mademoiselle ne saura pas seulement faire son lit : mademoiselle ne l’a jamais fait.

— J’essayerai.

— Si mademoiselle croit que c’est commode, de faire un lit. !… Mademoiselle veut-elle que je lui montre, avant de m’en aller ? Un peu plus tard, c’était un autre sujet. Maria pleurait :

— Mademoiselle se fera sa cuisine aussi ?

— Bah ! avec du pain, du laitage, des œufs, la plus maladroite se débrouille facilement.

— Mademoiselle qui aime tant le café… Mademoiselle ne sait pas qu’il faut avoir le tour de main pour le réussir… Je vais lui en préparer un peu d’avance, au moins.

Un quart d’heure après, Maria appelait du fond de la cuisine :

— Que mademoiselle vienne voir comment on verse l’eau !

Cette humble sollicitude qui se manifestait par des moyens appropriés bouleversait Laurence d’attendrissement ; elle pleurait sans honte. Et lorsque la vieille servante quitta tristement la maison, Laurence l’embrassa tendrement : c’était encore une portion du cher passé qui s’éloignait d’elle ; la vieille Maria l’avait aidée à soigner sa mère !

(À suivre.) JEANNE MARAIS.

(Illustrations de Suz, Sesboué).