Page:Marais - La Nièce de l'oncle Sam (Les Annales politiques et littéraires, en feuilleton, 4 août au 6 octobre), 1918.djvu/40

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— Rendez-nous service, camarade ! cria le chauffeur.

Mais Laurence, galvanisée, s’était jetée en avant. Elle parlait couramment l’anglais. D’un élan, accrochée à la portière de la voiture américaine, elle racontait tout pêle-mêle, enhardie, encouragée par la jeunesse de cet enfant qui lui serait sûrement pitoyable : la maladie de sa mère, le refus du docteur, ce retour navrant et cette panne… Elle conclut :

— Voulez-vous me ramener à Paris ?

All right ! répliqua brièvement l’Américain. Je ne peux pas vous prendre dans ma voiture pour Paris, mais je ferai mieux ; je vous conduirai à Neuilly-sur-Marne où je me rends, et c’est le chef de l’hôpital américain, le colonel Warton qui vous accompagnera à Paris et soignera votre mère… Lui, il se dérangera sûrement si je le lui demande c’est mon… mon beau-frère, mon futur beau-frère : il est fiancé avec ma sœur Bessie.

Laurence a un mouvement de découragement :

— À quoi bon déranger un docteur inconnu… Maman est perdue, et c’est son médecin, seul, qu’elle voulait voir.

L’Américain profère sentencieusement l’axiome cher aux Anglo-Saxons :

— Tant qu’il y a la vie, il y a l’espoir.

Il ajoute avec chaleur :

— Et le colonel Warton est le plus grand médecin, dans le monde entier… Il réussit à guérir, là où les autres échouent.

Malgré elle, Laurence est abusée d’une nouvelle espérance au contact de cette ferveur juvénile. Elle dit :

— Merci… merci… Partons vite.

Le chauffeur leur recommande :

— Dès que vous serez aux premières maisons, envoyez-moi quelqu’un pour la réparation.